Portrait issu de l'ouvrage sur les 40 ans de Cholet Basket :
"Son chemin était-il écrit ? Vu les qualités indéniables du bonhomme, comment Antoine Rigaudeau aurait-il pu passer à côté de la carrière qu'il a faite ? Pour qui l'a vu évoluer dans sa jeunesse, son statut de star du basket français coule de source. Pourtant, le basket a bien failli ne jamais venir à lui ! Certes, papa et maman résidaient à 200 mètres du siège du club, dans la quartier de la Choletière, mais le basket ne faisait pas vraiment partie de leur horizon.
Il fallut qu'Etienne, le grand frère, alors partenaire de jeu de Jean-François Martin, trouve porte close dans un club de football, pour que la famille se mette à la balle orange. Antoine, déjà plus grand que tout le monde, ne tarda pas à suivre le mouvement et signa une licence à Cholet Basket, à 5 ans. Le panier de basket familial, installé dans le garage des Rigaudeau, trouva alors toute son utilité.
Fabriqué avec les reste d'une veille charrette, les deux garçons y avaient collé des autocollants à la gloire de CB. Faut-il voir là les fondements de l'adresse chirurgicale du futur champion ? " Il ne faisait aucun doute qu'il irait haut, très haut, assure Guyy Baruzié. Lors d'un match de cadets, il avait été opposé à Fred Dorté (futur gloire du CSP Limoges, ndlr). On avait le sentiment d'assister à un duel de futurs grands ! Pour une fois, il avait quelqu'un à sa hauteur."
Son double-mètre est un atout de taille pour un meneur de jeu. Une plue-value que Jean Galle ne tarda pas à exploiter, dès les premiers matches de la saison 1987/88. Une fin de match tendue à Caen constituera le saut dans le grand bain pour Rigaudeau...à la veille d'un cours d'Histoire. Du haut de ses 15 ans et 11 mois, le Choletais est amené à suppléer Demory, handicapé par les fautes. Le franchissement du Rubicon pris la forme de 7 sept petites minutes. Le temps de prendre un shot, manqué. Mais le bout de match fait de lui le plus jeune joueur de l'histoire de la N1A. " En entrant, j'ai surtout pensé à ne pas perdre le ballon, lâcha le joueur. Je ne sais pas très bien si j'y suis parvenu."
La suite ? C'est une succession d'exploits, de palmes individuelles (MVP espoir en 1989/90, MVP français de Pro N1A en 1991/92) et de lignes de stats ahurissantes qui, déjà, attisent la curiosité des recruteurs NBA. En 1991, lors d'un succès en Coupe Korac, devant le Panathinaïkos, des scouts des Knicks de New York sont démasqués dans la Meilleraie. Pourtant, en dépit d'une Summer League disputée en 1993 sous la bannière de Houston, l'Amérique se refusera longtemps à lui. " Parce qu'il jouait comme un Yougo ", justifie Guy Baruzié.
À défaut de traverser définitivement l'Atlantique, Rigaudeau conquit largement l'Europe. D'abord avec Cholet, où ses deux dernières saisons furent sans doute les plus abouties. En point d'orgue, un succès contre les Israéliens de Galil Elyon en janvier 1994, où la perf' individuelle du Maugeois se passa de commentaires : 45 points à 10/11 à trois points, 8 passes, 7 rebonds, 6 fautes provoquées. Jour de All-Star Game à la Meilleraie ! "Il voyait le cercle trois fois plus gros qu'il ne l'était ", commente aujourd'hui Laurent Buffard.
Après son départ de Cholet, il rejoint Orthez puis Bologne, où il glana deux Euroligues (1998 et 2001). En 2000, il fait partie de l'équipe de France qui atteint la finale des Jeux Olympiques et écrit l'une des plus belles pages de l'histoire du basket français. En 2003, il composte enfin un billet pour l'autre monde et la NBA, à Dallas. Sans réel succès. Qu'importe, le champion n'avait plus rien à prouver. Et c'était à Cholet que la légende était née."