Le Martiniquais a longtemps gardé l'image d'un pivot aussi difficile à gérer qu'efficace sur un parquet. C'est vers le football qu'il s'oriente, d'abord, comme de nombreux jeunes des Antilles, avant de migrer vers la balle orange à partir de 17 ans (il mesure alors 1,95 m). Très athlétique, il part néanmoins d'une feuille blanche sur le plan technique. C'est son entraîneur et futur agent (Jean-Pierre Cotelon) qui lui conseille alors de tenter l'aventure en métropole. Et c'est à Oloron Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantique), en régionale, puis en Nationale IV, qu'il pose ses valises.
À partir de là, l'ascension de "féfé" est fulgurante. En 1984, il rejoint Salon-de-Provence (N3 puis N2), avant de prendre une nouvelle dimension du côté de Voiron (N1B). Il croise alors Cholet, tout juste promu lui aussi. Mais c'est bien Jean-Paul Rebatet, le futur coach de CB, et alors aux manettes de Nantes, qui devine chez lui un potentiel encore largement inexploité. En ni une, ni deux, le Martiniquais se retrouve sur les bords de l'Erdre. Déjà, Francis Jordane, le sélectionneur de l'équipe de France, voit en ce dernier l'étoffe d'un pivot international. Ce qu'il sera effectivement.
C'est aussi la période où son caractère s'affirme. Dans ce registre, son passage à Gravelines prend rapidement les contours d'une expérience inaboutie. En froid avec les dirigeants, il est condamné à cirer le banc, alors même que sa deuxième saison dans le Nord est des plus réussies. Moment choisi par Jean-Paul Rebatet, promu entraîneur de CB, pour lui faire confiance à nouveau. Son point de chute : Cholet, donc.
Au cours de cette saison 1990/1991, la seule passée sous le maillot choletais, l'Antillais montre pourtant l'étendue de son talent. " À Cholet, j’ai retrouvé une vraie complicité. Une super ambiance ", confessera-t-il plus tard.. Dès l'entame, son association avec John Devereaux fait des ravages. Et "féfé" cartonne (33 points contre Upsala en Coupe des Coupes, 37 contre Antibes). Mais avec Courtinard, les frasque n'étaient jamais bien loin. Au cours d'un match au Racing, il aurait " péter les plombs", selon la presse locale. Pendant les As, au cours desquels Cholet cède une nouvelle fois en finale, il n'est pas utilisé et le sera guère davantage au cours des playoffs (CB cède en demi-finale contre Montpellier). Son sort dans les Mauges est, dès lors, scellé. Souvent sifflé par la Meilleraie. Pour justifier le non-reconduction de contrat de son pivot international, CB invoque la baisse nécessaire de la masse salariale. Son mentor, Jean-Paul Rebatet, en fait également les frais... Pourtant, à l'été, Courtinard se montre une nouvelle fois à son avantage, lors du championnat d'Europe en Italie (les Bleus finiront au pied du podium), en compagnie des Rigaudeau, Demory, ou Bilba.
Retourné aux Antilles après sa carrière, l'ex-Choletais y a mené différents projets personnels et professionnels. Il y a quelques années, il était ainsi gérant d'une rôtisserie ambulante. Il a également conservé un pied dans le basket. C'est lui, en effet, qui a lancé JBAM dans le grand bain, avant de lui permettre, comme lui-même en son temps, de traverser l'Atlantique. Felix, lui, est encore aujourd'hui président et manager du club de Basket-Ball Phoenix 95 à Petit-Bourg (Guadeloupe). Kevin, l'un des fils, a également fait carrière (passé par Blois en N1 sous les ordres d'Hugues Occansey, puis par Poligny en N2).